PRISON ET THERAPIE POUR LES DELINQUANTS SEXUELS
La prison, indispensable pour les délits les plus graves et les crimes est un lieu où se perpétuent toutes les violences.
Les détenus sont à la fois auteurs et victimes de ces faits.
L’incarcération est un moment de douleur et de tristesse ; la prison suinte d’angoisse, de malheur, de découragement.
Quand je me rends en prison pour visiter un client, je perçois le désespoir et l’inhumanité qui y règnent ; j’y reste peu de temps, et lorsque je rentre chez moi, je passe tous mes vêtements à la machine à laver et prends un bain ; pour enlever toute trace de ce passage en prison, si déprimant.
En tant qu’avocat de partie civile, je sais que la plaidoirie que je développe à l’audience aura une influence sur le nombre d’années de prison encourues même si ce n’est pas moi qui demande la peine. Je fais mon travail et exprime la douleur ressentie par les victimes.
La peine doit être juste, c’est-à-dire ni trop forte ni trop laxiste ; et surtout comprise par l’accusé en espérant qu’il tire profit de son incarcération pour se remettre en cause et réfléchir à son avenir, même si la liberté est loin.
Si c’est un délinquant sexuel, certaines thérapies comportementales sont efficaces sur des violeurs ; l’adéquation doit être bonne entre les agresseurs sexuels et leurs thérapeutes : pour ce faire, ils doivent avoir conscience et envie de modifier leur comportement ; une remise en question est salutaire mais en ont-ils les capacités ? un psychologue devrait les rencontrer d’office, en discuter avec eux et leur faire comprendre qu’ils doivent modifier leur façon de penser; ils doivent considérer l’autre comme un être humain et non comme un objet sexuel dont on peut abuser.
Le travail thérapeutique sera long mais indispensable pour ne pas récidiver ; Or, j’ai souvent plaidé contre des violeurs en état de récidive qui n’avaient fait aucun travail sur eux pour comprendre pourquoi ils avaient mal agi : aucun suivi socio judiciaire ne leur avait été proposé et aucun thérapeute ne leur en avait donné l’idée en prison ; ils ont souvent un niveau d’intelligence moyen et il faut les pousser à se soigner ; les délinquants sexuels sont des malades, mais pas au sens psychiatrique.
Tout doit être fait pour éviter la récidive.
Pour cela, il faut des psychiatres et des psychologues en nombre suffisant dans les prisons ; or, ce n’est pas le cas ; un détenu peut attendre plusieurs semaines avant de voir un thérapeute, ce qui est inadmissible.
Si la société veut éviter la réitération de ces comportements dangereux, elle doit mettre en place les moyens nécessaires, en personnel et en locaux.
Le délinquant sexuel qui retourne en prison coûte cher à la société, bien plus que les moyens qui auraient été alloués pour le soigner ; qu’attendent donc les politiques pour mettre en place ces réformes, un énième condamné pour récidive de viol ? cette façon de penser à courte vue est intolérable et il est temps que la justice ne soit plus la parente pauvre des budgets.